Collection J.J. BARBIEUX 2
Vous pensez voir là une voiture-restaurant de
Cette voiture a en effet appartenu à
train de luxe Paris-Calais avec correspondance maritime vers Douvres et autre train Pullman vers Londres.
Cet ex-Pullman était à l’époque en très bon état, toujours aux couleurs de
J’ai pu observer que le mobilier de voiture-restaurant CIWL était toujours en place
CIWL / OSE
En 1975, le reliquat des quelques WR de la CIWL en Grèce a changé de physionomie et ne correspond plus du tout au même standing que onze ans auparavant.
Cette voiture (la même ? en tous cas du même type !) est ici à Athènes et le personnel est occupé à quitter les lieux.
J’ai regardé à l’intérieur : le mobilier avait été totalement changé : chaises et tables de bistrot, le tout franchement bon marché et populaire.
Le petit monogramme a disparu, la couleur, à travers une bonne couche de poussière, semble être un brun-délavé, l’ensemble est devenu franchement minable.
Grandeur et décadence d’une voiture de luxe de 1926 qui ne trouve hélas plus sa place dans le monde moderne.
J’ai lu qu’une association d’amateurs grecs avait récupéré une telle voiture et tentait de la remettre au moins dans son apparence initiale. J’ignore si le mobilier d’origine a été mis à l’abri .
CIWL / OSE :
Sur la même voiture, une surprise que j’ai tenu à immortaliser… : l’inscription « restaurant voiture », maintenue en Français mais inversée.
N’est-ce pas le comble de la déchéance pour cet ancien Pullman de grand luxe ?
Mises en service à partir de 1926 et numérotées 4001 à 4015 (numérotation CIWL), ces voitures-pullman de 1ère classe subirent très rapidement, en raison de la crise financière de 1929, une première petite transformation en 1932 pour assurer des services Pullman de 2ème classe.
Elles ont aussi circulé sur les lignes Calais-Bruxelles, Ostende-Cologne ou encore peut-être sur l’Edelweiss vers Zürich ?
Bon nombre de ces voitures furent l’objet d’une seconde transformation, cette fois en voitures-restaurant, soit sur le réseau continental, soit sur le réseau ibérique après changement des bogies.
En 1956, il subsistait un service Pullman sur l’Etoile du Nord et un sur l’Oiseau Bleu, supprimés en 1957 au profit des premiers T E E.
Ce train comportait une voiture-restaurant de Bruxelles vers Paris, la cuisine fournissant également les repas pour la voiture-pullman.
Autre époque, autre monde ! On avait vraiment la sensation de « voyager », avec contrôles des passeports et des bagages aux frontières, changements de devises, changements de locomotives, un restaurant qui servait des produits frais cuisinés sur place, du personnel et même, comble du raffinement,
nettoyage rapide avec un torchon humide de la main-courante du Pullman avant la descente du premier voyageur afin qu’il (ou elle) ne se salisse pas les mains…
Un autre monde, que j’ai eu la chance d’encore un peu connaître dans les dernières années avant son extinction.
De ces quinze Pullmans,les quatre premiers, déjà convertis en restaurants, furent acheminés, probablement dans les années fin 40 début 50, vers
Ils furent finalement revendus aux chemins de fer grecs (OSE) au début des années 60. A cette époque,
CSD
A l’époque du « rideau de fer » qui coupait l’Europe en deux, voici une voiture tchécoslovaque
Au contraire, pendant les années que j’ai passées à Vienne, de 1959 à 1962, elle était là, à Vienne, gare de l’Est (Wien Ostbahnhof),arrivée dans la matinée de Bratislava (actuelle capitale slovaque, à une cinquantaine de kilomètres de Vienne) et sommeillant dans l’attente du retour, unique trajet de la journée.
Il n’y avait en effet qu’un seul aller-retour quotidien entre les deux villes et cette voiture n’acheminait que quelques passagers, moins qu’il n’y avait de compartiments.
Curiosité : cette unique voiture mixte 1ère et 2ème classe, qui assurait une relation internationale, faisait partie d’un train « inter villages »
si vous me permettez l’expression, un « Personenzug » qui desservait tous les villages autrichiens entre Vienne et Marchegg (gare frontière autrichienne)
(que les Autrichiens appellent Pressburg).
Au-delà, une machine tchèque assurait la relève pour les quelques derniers kilomètres et desservait un arrêt avant d’atteindre Bratislava
et composé de très vieilles voitures à deux essieux et à plateformes ouvertes, métallisées pour la plupart,encore parfois en bois.
Je ne me souviens plus de l’année de fabrication de cette voiture, ce devait être au début des années 50, mais je me rappelle fort bien l’aspect miteux de l’intérieur : cloisons entre compartiments dans une sorte d’aggloméré carton-bois, une matière du même genre recouvrant tout l’intérieur.
Bogies Pensylvania probablement de récupération. Vitesse maximale :
La ligne n’était pas électrifiée et ce train était tracté au départ de Vienne par une machine à vapeur de la série 77, locomotive tender assurant les trains de voyageurs sur les trajets courts (voir ma photo du train présidentiel soviétique).
A Marchegg, elle était détachée du train et remorquée par une locomotive tchèque des CSD.
Pendant une bonne partie de la journée, cette voiture était en attente à la gare « Ostbahnhof » et même pas mise sur une voie de triage car cette gare était elle-même sous-exploitée à l’époque, en raison des frontières tchécoslovaque et hongroise très proches et très hermétiques.
A présent, toute cette partie du réseau autrichien a été électrifiée : Union Européenne et « espace Schengen » obligent…
Il y a le choix entre trains et autobus, avec au moins 12 trains par jour, tous des « express régionaux » desservant une dizaine de localités, d’où une durée de trajet qui ne descend pas en dessous de 57 minutes.
Temps de parcours assez long mais qui n’est rien si on compare avec la voiture tchécoslovaque des années 50-60 qui nécessitait deux heures et demie pour ces
– un garde-frontière tchèque en salopette se glissait sous la voiture avec une lampe !!! – attente infiniment longue, mystère dont seuls les régimes de l’Est avaient la clé. Du côté autrichien, aucune formalité particulière en dehors d’un rapide coup d’œil au passeport.
CFL
Au milieu des années 50
Ces locomotives belges furent construites par les Ateliers Anglo Franco Belges et les quatre premières furent achetées, en priorité et avec l’accord de
par les CFL (Chemins de fer luxembourgeois) qui avaient un besoin urgentissime de nouvelles locomotives.
Numérotées 1601 à 1604, voici la 1602 en 1993, à peu près en fin de carrière, en gare de Luxembourg.
Elle sera rachetée peu de temps après par le P F T (Patrimoine Ferroviaire et Touristique), association belge très active dans la préservation de matériel ancien : matériel roulant mais aussi gare, dépôts, signaux, etc. etc.
Cette
Elle a également été repeinte en livrée belge sous un numéro inventé pour elle mais plausible : 202020.
En 2009, elle roulait toujours en tête de trains spéciaux et est programmée pour 2010 également.
par les DSB (chemins de fer danois), la fameuse My à moteurs GM et rappelant, par ses capots, la silhouette des machines américaine F7.
CFL
La 1604, celle qui a été sauvée grâce au Ministère de la Culture, arrive de Trèves (Trier) à Luxembourg, à la tête d’un train entièrement SNCF Cologne – Port Bou, en juillet 1994. Ces locomotives étaient munies du système Indusi pour la signalisation allemande et pouvaient également circuler en Belgique.
A Luxembourg, cette locomotive cédera la place à une machine 15000 SNCF vers Metz.
SNCB
Et voici une sœur de cette machine luxembourgeoise, la 204.008.
Les machines numérotées dans la série 204 étaient équipées d’un rapport d’engrenage leur permettant de rouler à
(les autres étaient reprises dans les séries 202 et 203, limitées à
Elles assuraient des trains de Bruxelles vers Paris ou vers Amsterdam ainsi que d’Ostende vers Cologne, parfois en double traction vers Paris, suivant la charge du train à remorquer.
Toutes étaient munies de six essieux, certaines étant de vraies C-C, d’autres étant des A1A – A1A.
Si le design à l’américaine a contribué à leur popularité, c’est encore davantage le ronflement très particulier de leurs moteurs qui les a rendues célèbres.
La montée en puissance tout autant que le ralenti des moteurs ne laissait personne indifférent et il existe des dizaines de vidéos sur Internet (notamment sur You Tube – tapez notamment « nohab ») mais aussi des CD ne reprenant que le son et des DVD ou VHS de ces locomotives dans tous les pays concernés.
Il existe également plusieurs livres, tant en Français qu’en Allemand ou en Danois. Probablement aussi en Hongrois.
Plusieurs de ces superbes locomotives ont été conservées : le Luxembourg a gardé la 1604, devenue « monument national », dont la grande révision fut financée par le Ministère de
Il y en a trois en Belgique dont deux sont en état de marche, la troisième en attente de réparation.
Au moins deux au Danemark, appartenant au musée ferroviaire d’Odense, il y en a également en Norvège et en Hongrie, locomotives musées en état de marche.
Mais plusieurs sont encore en service commercial pour des exploitants privés, après plus de 50 ans de service sur les réseaux nationaux :
en Suède, en Allemagne, au Danemark et même sur la ligne du minerai dans le grand Nord de
Des machines danoises sont même arrivées assez récemment au Luxembourg en tête de trains de travaux de voies confiés à une entreprise allemande…
Trois locomotives norvégiennes ont été offertes par
Enfi
Je pense qu’aucune locomotive n’a atteint un tel degré de célébrité et déplacé autant de monde sur un plan international.
Tout cela grâce à un « gros nez » et surtout à un ronflement très particulier… ! !
Commentaires
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- 1. Julien Le 20/04/2010
Bonjour
Merci à J.J BARBIEUX de nous faire partager ces documents.
Juste quelques précisions :
- Ces locos Nohab des CFL, étaient régulièrement employées sur la ligne Luxembourg-Gouvy, en particulier sur l'express 134-135 Milan-Bâle-Luxembourg-Liège-Amsterdam en tête de voitures italiennes en livrée castano-isabella.
- La voiture belge derrière la loco diesel à Cologne est une I1 B11, prévue chez LSM. -
- 2. J.J.Barbieux Le 23/04/2010
Grand merci pour vos précisions et j'en ajouterai à mon tour : les locos CFL (qui n'étaient pas fabriquées par NoHab en Suède mais bien par les ateliers AFB en Belgique, comme toutes les machines belges du même type mais sous licence NoHab et avec des moteurs GM identiques) ont le plus souvent dépassé Gouvy pour aller jusque Liège. Ce train de jour Milan - Amsterdam par Maastricht était principalement un train Milan - Bruxelles dont deux à quatre voitures au maximum étaient détachées à Luxembourg pour être incorporées à un train traversant le Grand-Duché dans sa plus grande longueur, environ 80 km pour atteindre Liège, Maastricht et Amsterdam.
Suivant les années, ce train de Luxembourg vers Liège était tracté par une CFL (série 16 ou 18) ou par une SNCB (série 52 à 54 ou 55). -
- 3. demany christian Le 01/11/2012
bonjour auriez vous plus d'image et d'info sur l'express qui reliait Amsterdam a milan dans les année 1975 celui ci a bercer ma jeunesse et aussi sur le train que l'on appelait la flèche des dolomite qui partait de milan pour rejoindre calazzo qui fessait arrêt a belluno merci a vous -
- 4. Targhetta Gérémy Le 03/03/2015
Bonjour M. Barbieux.
Étant moi même jeune membre du PFT, je me permet de préciser un petit détail:
Le "nouveau" matricule de la 1602 n'est pas vraiment inventé. Il s'agit du numéro qu'elle aurait porter s'il elle avait rouler pour la SNCB.
De plus, d'après ce que les anciens m'ont racontés, sous la peinture CFL, il ont découvert des restes de la peinture verte SNCB :-)
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